Une belle réhabilitation : le Bellevue
Chamonix prend petit à petit conscience de la valeur de son patrimoine bâti et entreprend la réhabilitation d’immeubles anciens.
Lorsque l’hôtel Bellevue est construit, probablement dans les années 1900, et non 1890 comme on l’a bien souvent pensé, c’est une Marie Aline Couttet qui en est à l’origine. Marie Aline est la sœur des deux frères Auguste et Adolphe Couttet, les fameux photographes chamoniards. Elle a hérité de son père de ce beau terrain en bordure de la route nationale et descendant vers l’Arve Avec son époux Henri Médard Weissen, originaire du Valais et concierge pour un bel hôtel chamoniard, elle décide de construire un hôtel. A Chamonix , en ce début de siècle, les visiteurs sont de plus en plus nombreux. Henri connaît toutes les ficelles de l’hôtellerie. Confiants, tous deux se lancent dans ce nouveau projet .
Un des frères d’Aline, Auguste ou Adolphe immortalisera cette construction, en faisant de ce cliché une photo rare, montrant les détails du chantier. Aucun autre bâtiment en construction ne sera photographié ainsi dans Chamonix.
Cet hôtel possède une vue magnifique justifiant son nom : Bellevue. Il est des plus moderne, possède dès sa construction un ascenseur et le chauffage central dans toutes les chambres. Très vite, il est réputé pour sa bonne table et l’hiver sa proximité avec la patinoire et les pistes des pistes de luge puis de ski du Savoy le rend particulièrement attractif ; il connaît un vif succès. L’hôtel sera durant quelques années la propriété d’un valaisan Auguste Morand, hôtelier réputé de Martigny . Aurait il aidé Henri au financement du Bellevue ? Pas impossible ! Après 1917 Les Weissen Coutet reprennent le flambeau.
Et après l’achat de la vielle poste dans les années 1930, afin d’en faire une annexe indispensable pour héberger son personnel et celui des clients, la famille transformera peu à peu l’hôtel et aménagera un des plus beaux jardins de la ville. Particulièrement apprécié, c’est peu dire !
Ils auront trois enfants, mais tous les chamoniards se souviennent du dernier, Théau, qui gérera l’hôtel jusqu’en 1972. Passionné de beaux arts, il aime courir les salles de ventes pour ouvrir plus tard un magasin d’antiquités.
La vente des jardins et la construction de l’Hôtel Alpina devant ses fenêtres signeront la fin de l’hôtel devenu désuet. Tous les chamoniards regretteront longtemps le magnifique jardin en bord d’Arve.
Le Bellevue perd ainsi définitivement… sa belle vue.