Moulins : Une activité essentielle de l’économie chamoniarde des siècles passés
MOULINS : Une très ancienne activité chamoniarde.
De nombreuses lithographies et dessins nous apportent le témoignage d’une activité oubliée de nos jours, essentielle pour l’économie locale, celle des moulins actionnés par le courant des torrents et cascades abondants dans la vallée.
Dès le moyen âge, se tiennent de nombreuses et âpres négociations avec les prieurs pour la mise en œuvre de machines actionnées par la force de l’eau. Moulins à farine, moulins à « foulon » (chanvre et lin ), moulins de scierie. (voir dossier ci après)
Les plus nombreux seront les foulons associés à des tanneries pour travailler le chanvre. Cette plante répandue dans toute la vallée était utilisée pour nombres d’objets : cordes, vêtements, draps. Travail fastidieux, pénible, avec de nombreuses opérations.
Le plan des archives départementales (1531) indique onze moulins . 2 au Lac, 2 à Vaudagne, 1 aux Esserts, 1 à Merlet, 1 aux Tines, 2 à l’Outraz, 1 aux Frasserands. Ceux-ci étaient toujours couplés avec des tanneries, des forges, des fouloirs ou des pressoirs.
HISTORIQUE DES MOULINS CI DESSOUS :
Avec l’arrivée des visiteurs et une nette amélioration des conditions de vie La vallée connaît un nouvel essor, les moulins se développent et se généralisent.
Pour la conservation on utilisait de l’écorce de mélèze qui servait de tanin et des acides naturels pour la souplesse, d’où les odeurs fortes qui rejetaient les tanneries à l’extérieur des villages. On travaillait également le lin que l’on réservait pour les vêtements « du dimanche » et parfois quelques draps.
Mais encore plus fréquents étaient les moulins de scieries dont le bois servait à la construction, à la fabrication du mobilier, aux outils et alimentait les chauffages des maisons. Ce matériau était à la base de l’économie locale. Chaque hameau possédait une à deux scieries.
Il est intéressant de noter qu’en 1829 l’administration cherchait à contrôler ces scieries qu’elle considérait « comme nuisible » à la conservation des forêts, car nombreux étaient les propriétaires faisant des coupes de bois dites bois de lune (c’est-à-dire coupé de nuit sans aucun contrôle). Il y avait aussi quelques moulins couplés avec des forges. La forge comprenait un martinet indispensable pour travailler les outils agricoles.
Ex le 28 octobre 1861 : Joseph Auguste Tronchet meunier cède aux frères Michel et Pierre Devouassoud, maréchaux et serruriers, «le droit de placer dans la « bezière » provenant de la rivière Arve qui fait mouvoir les moulins que le dit venant possède au sommet du bourg de Chamonix deux roues pour la mouvance d’un martinet et autres artefacts que les frères Devouassoud vont établir ».
Un moulin dépendait d’une installation hydraulique pour amener l’eau. Celle-ci était conduite au dessus de la roue à aubes par une canalisation de bois inclinée, sorte de chenal suspendu à ciel ouvert. Souvent l’eau était détournée du lit principal du torrent par une bédière.
Par sa force, l’eau actionnait le mouvement de la roue. La plus grande difficulté était d’avoir une amenée d’eau régulière. Les rapports de syndics du 18ème précisent que beaucoup de ces scieries ne fonctionnaient qu’en période de « hautes eaux », c’est à dire à la fonte des neiges ou en période de grandes pluies. D’ailleurs les scieries ne pouvant fonctionner toute l’année, les scieurs se faisaient bûcherons ou louaient leurs bras.