L’hôtel suisse devenu le Park hôtel Suisse : Une belle histoire d’une famille hôtelière chamoniarde
C’est une histoire qui commence tôt, vers 1856, lorsqu’à à Chamonix s’ouvre un « Hôtel Suisse » tenu par Joseph Bozon.
Quelques années plus tard, ce même hôtel fait de la publicité. Il est tenu par Ambroise Simond dès 1861 et ce jusqu’ en 1889, jour de son décès. Son fils Alphonse tient l’hôtel quelques années et finalement le vend à Etienne Alphand en 1892 (l’acte de vente précise : Maison située à Chamonix, portant l’enseigne Hôtel Suisse, avec grange, écurie, bûcher, place à fumier, et jardin derrière le tout. Et tout le matériel servant à l’exploitation de l’hôtel). ( archives Association Amis du vieux Chamonix).
Etienne est un personnage entreprenant, il épouse Emma Folliguet en 1899, elle-même héritière d’un autre hôtel situé près de l’église. Ils se marient en séparation de biens. Emma veut gérer ses immeubles indépendamment de son mari.
Dans son livre « Il était une fois la montagne » (, France Empire), « Pépé Luc » raconte à propos de l’hôtel et de sa future belle mère, la fameuse Emma :
« C’était un établissement confortable pour l’époque, dans chaque chambre il y avait une table de toilette à dessus de marbre avec une grande cuvette de porcelaine et le porte savon assorti. Les clients sortaient le matin pour remplir leurs brocs à un réservoir d’eau chaude placé sur le palier ; Emma était une femme d’ordre qui tenait à jour son livre de comptes. Assurant ses achats entre autres à la Samaritaine à Paris : boutons, rubans, mousseline, toiles pour torchons, taies d’oreillers, draps… Mais aussi col de fourrure, plumes d’autruche… Mais le plus étonnant : la série des œuvres de Victor Hugo, le dictionnaire Larousse et même une méthode pour apprendre à jouer du piano ! »
L’hôtel est tenu avec rigueur et, les années passant, le couple achète une maison mitoyenne, car ils désirent améliorer et agrandir ce petit Hôtel Suisse qu’ils possèdent. Ils l’appelleront désormais « Hôtel de Chamonix et Hôtel Suisse » .
En 1907, ils entreprennent de grands travaux d’agrandissement. Le projet est ambitieux, 40 chambres supplémentaires, sur six étages avec chauffage central et salles de bains à tous les étages et luxe suprême en haut de l’hôtel une patinoire ! N’est ce pas le rêve ?
Mais Emma décède brutalement en 1908.
Ses deux enfants sont jeunes. Etienne Alphand continue les travaux. L’hôtel ferme durant la guerre. iL nécessite de gros travaux de restauration pur le remettre en état. Etienne fait un emprunt important pour assurer la fin du projet d’origine , le met un temps en location. Mais sa fille Bertha, dès son plus jeune âge, s’intéresse à l’hôtel . Elle épouse Luc Claret Tournier en 1921. Elle a 20 ans. Elle dirige déjà l’hôtel de main de maître !
D’elle Pépé Luc dit : je n’avais pas marié une femme mais une Dame. Après la noce, je suis donc allé vivre avec ma femme à l’Hôtel Suisse.
En 1928 Bertha déclare à l’administration : 21 chambres dans la vieille maison, 46 dans la maison neuve, la Vieille maison étant l’hôtel d’origine et la maison neuve l’agrandissement fait en 1907-1909. Bertha tient l’hôtel durant 43 ans jusqu’à son décès. Luc prend alors le relais pendant encore une dizaine d’années puis laisse la place à son fils Jean .
Pépé Luc se retire dans sa maison natale aux Mouilles.
Dans les années 1950, l’hôtel prend le nom d’ « Hôtel Suisse et de Hollande ». Jeannot fils de Bertha et de Luc prend le relais.
Il engage le projet d’une troisième tranche et c’est ainsi que dès 1961 les travaux sont entrepris côté Brévent pour une aile comprenant 33 chambres. C’est le « Park Hôtel Suisse », mais aussi le restaurant « la Calèche »(il avait réussi à faire entrer dans le local une calèche !)e une boîte de nuit : le Tobogan ». Il réalise une piscine panoramique à la place de la patinoire qui durant l’été servait de terrasse.
Tout le monde se souvient de Jeannot image phare de la ville de Chamonix, précurseur du ski patinette mais aussi le premier à faire le «clown» en ski, il maîtrise sa discipline de manière à être un professionnel de ski sur échasse ! Il est ainsi repéré par Walt Disney, avec qui il part aux Etats-Unis durant deux ans pour tourner dans des films, et rencontrer de grands acteurs comme le célèbre Sean Connery : (Vidéo INA Pépé Luc, « L’acrobate des neiges » voir la vidéo)
Digne descendants de cette famille hôtelière arrive la quatrième génération.
De nos jours Jean Luc, aidé de sa directrice Kattia Berraho, dirige le Park Hôtel Suisse lui donnant ses lettres de noblesse d’hôtel quatre étoiles et Laurence, digne héritière de sa grand mère et de son arrière grand-mère, gère avec l’aide de son directeur, le restaurant « la Calèche ».
Le restaurant n’a pas changé et on a toujours un immense plaisir à retrouver dans ces locaux les innombrables souvenirs (objets et photos) rappelant la vie et l’évolution de cette ancienne famille hôtelière chamoniarde. Laurence continue la tradition dans la création d’autres restaurants dans la vallée.
Sources : Archives familiales Claret Tournier, archives Association des Amis du Vieux Chamonix, livre de Luc Tournier (pépé Luc) : il était une fois la montagne » ( éditions France Empire).