Le Richemond : une belle histoire de famille hôtelière
Le « Richemond », un des derniers hôtels de famille au centre de Chamonix, trône sur sa butte au dessus de la rue Paccard. Ici l’ambiance tranquille plaît à grand nombre de visiteurs charmés par ce lieu chargé de l’histoire d’une famille chamoniarde et de l’hôtellerie traditionnelle de la station. Le Richemond respire un art de vivre, le respect des clients fidèles d’année en année et amoureux de ce lieu à l’atmosphère paisible à l’écart de l’agitation de la rue juste en contrebas.
En 1887 Joseph Victor Folliguet, maire de Chamonix propose à la location une villa intitulée la « villa Beau Séjour » Villa devenant rapidement la « pension hôtel Beau Séjour ». Elle est magnifique, avec ses encadrements de granit, ses planches de rives découpées comme on en voit encore sur quelques rares maisons de ce type dispersées dans Chamonix. Dans cette villa a d’ailleurs séjourné Edouard Whymper qui, lors d’un passage en 1896, laissa au propriétaire un de ses ouvrages signé de sa main.
Jules Folliguet, fils de Joseph Victor, entrepreneur tient une entreprise de bâtiments et participe à la construction de l’hôtel du Montenvers en 1880 et du Régina aux Praz. Mais à la mort de son père, il hérite du terrain et de la pension. Si bien qu’il lance en 1912 la construction du Richemond. Dès 1913-1914 les maçons érigent un bel immeuble de cinq étages surmonté d’un toit à la Mansart L’hôtel offre 52 chambres, chaque étage dispose de trois chambres avec salles de bains plus une salle d’eau commune pour les autres chambres non équipées. L’hôtel prend le nom de « Beauséjour et Richemond ». L’ouverture est prévue pour la saison d’été 1914. L’entrée en guerre ralentit bien sûr l’activité de l’hôtel qui devra faire le « gros dos » en attendant des jours meilleurs. La vie reprend entre les deux guerres, le restaurant a bonne réputation, un orchestre anime régulièrement les soirées organisées par la famille. L’hôtel connait une très belle activité durant la période des JO de 1924.
Stucs, cheminées, carreaux de ciments aux couleurs riches et variées décorent encore l’hôtel actuel. Les balcons sont ornés de ferronneries très décoratives expression artistique de l’Art Nouveau en vogue à cette période de Belle Epoque.
Jules gère l’hôtel avec ses enfants : trois fils et une fille. Après moult péripéties, ce sera finalement Rosa (née Devouassoud) épouse d’Edouard, fils de Jules, qui prend la succession dans les années 1930. L’hôtel connait une belle activité avec plus de 30 personnes travaillant pour la maison le restaurant pouvant accueillir une centaine de clients !
Durant la période de la seconde guerre mondiale, l’hôtel est réquisitionné dès 1943 et attribué à la Gestapo, le cinquième étage devient la prison de la ville. C’est d’ailleurs dans une de ces geôles que le fameux Muck, polonais d’origine juive, sera interné mais, grand sportif, il s’enfuira en glissant le long de la conduite d’eau !
C’est dans la villa que sera signée la reddition des forces allemandes de la vallée de Chamonix.
Geneviève fille de Rosa épouse en 1945 un client tombé amoureux de cette belle chamoniarde et qui peu à peu gère l’hôtel avec son épouse.
Tous à Chamonix se souviennent de Mr Sarraz Bournet Il décide en 1962 de ne conserver que le nom Richemond. Ce sont ensuite les enfants, Claire et Bruno qui depuis gèrent le Richemond. En 2004 ils ferment le restaurant devenu trop lourd à entretenir. Ils rénovent, restaurent, entretiennent avec passion cet hôtel familial. Ils ont su conserver la décoration d’origine qui lui donne cette atmosphère si singulière et si chaleureuse.
Bravo et que le Richemond soit encore longtemps un modèle !
Sources : Archives de la famille Saraz Bournet. – Archives de l’association des Amis du Vieux Chamonix