Le Grand Hôtel Couttet et du Parc va t’il enfin retrouver ses lettres de noblesse?
Tout commence par la chronique d’une famille hôtelière chamoniarde qui aura marqué de son empreinte les plus belles années de la Belle Époque, jusqu’aux années folles. François Couttet (né en 1828) , guide de haute montagne, avait l’habitude dès, les années 1855, d’héberger ses clients dans sa maison familiale. Son abord sympathique, sa bonhomie étaient très appréciés des britanniques. Ceux-ci l’incitèrent à construire une auberge afin de recevoir dignement ses clients qui appréciaient son savoir faire et ses connaissances.
Dès 1867, il construit « l’Hôtel Pension Couttet ». Fort de son succès, une quinzaine d’années plus tard, il édifie le Grand Hôtel Couttet qui devient peu de temps après le Grand Hôtel Couttet et du Parc. L’hôtel connaît ses heures de gloire durant la Belle Époque, puis dans les années folles, grâce aux deux fils: Joseph et Jules, très impliqués dans le développement de la commune de Chamonix.. Par ailleurs leurs sœurs (Joséphine, Aline, Sarah) seront à l’origine de la création du palace le Savoy, de l’hôte du Beau Site et de l’hôtel des Alpes, beaux établissements prestigieux de la vallée.
Cet hôtel chargé de souvenirs nous évoque la présence d’Edward Whymper, venu ici chaque année de 1865 à sa mort en 1911 dans une chambre de l’hôtel. Le fréquentaient aussi Gabriel Loppé, ce peintre grand ami de François Couttet, le critique d’art et poète John Ruskin, Lord Sinclair l’inventeur du merveilleux petit coin appelé « le Lac à l’anglais » aux Gaillands, Alphonse Daudet, Albert Mummery, le musicien Rimsky Korsakoff, et tant d’autres.
Le Grand Hôtel Couttet et du Parc ferme ses portes en 1939. Les bâtiments rouvrent en 1946 en tant que préventorium (pour enfants atteints de primo-infection tuberculeuse), ainsi que l’hôtel Beau-rivage (UCPA), sous la dénomination « Centres Guynemer », mais qu’on appelait à Chamonix « Centre Couttet ». Mme Ehrhardt, puis son fils Paul en assurent la direction. Vers 1950, un directeur national de la Santé impose la construction des terrasses de béton. L’activité préventorium cesse en 1970. Le Couttet alors est loué par la SARL Couttet à une association du département des Yvelines, l’ADEPEP, qui en a fait un centre de colonies de vacances, classes de neige et classes vertes. L’hôtel est ensuite occupé par les employés et la direction de l’UCPA voisin, le temps de la rénovation du Beau-rivage (UCPA) La commune rachète l’ensemble, parc et bâtiments en 1990.
En 2003 l’ensemble du parc et de l’hôtel est menacé de destruction. Est prévu à cet emplacement un auditorium haut de 16 mètres et une école et maison de la musique haut de 12 mètres.
Bon nombre chamoniards sont affolés par ce projet ambitieux et c’est ainsi qu’en 2004 est lancé une pétition alertant la DRAC sur la menace portée sur l’ensemble historique de ce quartier. La DRAC se fait pressante, la commune renonce à ce projet. Merci Eric !
L’hôtel Couttet est alors abandonné. Pendant de nombreuses années, le rez de chaussée est occupé par le club des anciens, par le club de bridge, par des groupes musicaux. Les étages laissés à l’abandon, sont souvent squattés. Les murs tagués. Les bâtiments se dégradent.
Vient alors en 2013 l’idée de remettre sur pied cet ensemble historique. On parle de logements sociaux, de maisons pour nos anciens, mais le coût de la rénovation très élevé (5 500€ par m2) ne peut être assuré par la commune. Est donc lancé un appel à projet. Dans les conditions imposée par la commune est précisé que les bâtiments (qui restent la propriété de la commune) doivent conserver le caractère architectural initial afin de sauvegarder l’âme et l’histoire de cette prestigieuse famille hôtelière chamoniarde.
C’est finalement Paris Inn Group qui est choisi. Cette société créée en 2005 sous sa forme actuelle est issue d’une épopée hôtelière familiale née en 1923 et intéressée essentiellement par l’aménagement et la rénovation d’hôtels historiques. On ne peut qu’espérer qu’ils auront le souci de ce passé dont certains ici à Chamonix se sont battus pour le préserver
Puisse le Grand Hôtel Couttet et du Parc retrouver enfin ses lettres de noblesse ! Nous veillerons !
Source: Archives notariales aux archives départementales d’Annecy