L’Amitié et la solidarité : 2 vertus précieuses pour les alpinistes polonais
Tous, nous avons été impressionnés, récemment par l’engagement sans faille de l’équipe de 2 grimpeurs polonais ( Adam Bielecki et Denis Vurubko)qui, sans hésitation, se sont précipités en abandonnant leur projet initial au K2 pour se lancer au secours d’ Elisabeth Revol et de leur ami alpiniste Tomek Mackiewiz perdus sur le Nanga Parbat.
Cet engagement de la part d’alpinistes polonais en haute montagne nous fait penser à un engagement similaire se déroulant dans la vallée de Chamonix en 1957.
Stanislas Gronski, polonais originaire de Zakopane, était un alpiniste chevronné.
En août 1957, Il enchaîne quelques sommets dans les Alpes françaises et se lance dans la traversée du Mont Blanc. Il n’en revient pas. Les secours sont engagés pour le retrouver. Immédiatement, se joint aux sauveteurs locaux un des ses chers amis de montagne et d’escalade, Wawrzyniec Laurent
ZULAWSKI. En ce mois d’août, il n’est pas à Chamonix, il est à Paris. Il se précipite et forme une équipe franco-polonaise pour essayer de retrouver son compagnon. Il ne peut supporter l‘idée que celui-ci ait disparu. Hélas, le 18 août, sans avoir retrouvé Gronski, Zulawski est emporté à tout jamais par une avalanche de séracs sous la pente septentrionale du Mont Blanc du Tacul et paye ainsi de sa vie sa tentative de sauvetage.
Les deux hommes reposent depuis dans les entrailles du glacier. Ils n’ont jamais été retrouvés. Leur amitié indéfectible et leur passion alpine les a rassemblés désormais sur les pentes du Mont-Blanc.
Sur le mur du cimetière de Chamonix, deux plaques commémoratives immortalisent la mémoire de ces deux grands alpinistes.
Par ailleurs ces deux hommes étaient des personnages hors du commun. Alpinistes connus de l’histoire alpine, ils avaient tous deux été des résistants notoires. Stanislas Gronski avait beaucoup aidé à s’enfuir par la montagne polonaise ceux qui cherchaient à fuir la dictature nazie, il avait, par ailleurs, participé à la révolte de Varsovie.
De même Zulawski , alpiniste de renom, avait participé en 1937 à la 12ème ascension du Mont Blanc par l’arête de l’Innominata et en 1938 à la traversée orientale du Mont Blanc par l la Sentinelle Rouge. Résistant dès les premières heures, il avait caché chez lui des juifs à plusieurs reprises, ce qui lui a valu après la guerre d’être nommé « Juste ». De plus, il était musicien, compositeur, et aussi auteur de cinq ouvrages sur l’alpinisme. Un très grand « Bonhomme », non grisé par le succès et qui n’a su écouter que son cœur pour partir à la recherche de cet ami si précieux.
Sources : revue polonaises de montagne Taternik. Archives de la ville de Zakopane. Cimetière de Chamonix