Histoire de l’ancien hôpital de Chamonix
Tous ici à Chamonix se souviennent de l’ancien hôpital situé en haut de la rue Vallot, au pied du hameau des Plans. Mais depuis quand Chamonix possède-t-il un hôpital ?
Réalisé avec l’aide de l’historique rédigé par Christian Lemarcis, ancien directeur de l’hôpital.
Au XIXe siècle à Chamonix existait un bureau de bienfaisance, sorte d’organisme caritatif, en partie religieux et en partie municipal.
Le 6 décembre 1876 est la date officielle pour la création d’un hospice à Chamonix grâce au legs de Michel Auguste Balmat « en faveur de la commune de Chamonix afin de fonder un hospice pour vieillards et indigents ». Mais les héritiers engagent de nombreuses actions en justice contre cette décision, ce qui ralentit la réalisation du projet. Finalement, ce legs se montre insuffisant pour une construction nouvelle. Aussi, une partie des dons est utilisée pour des secours ponctuels à domicile, pour l’entretien d’un dispensaire de la Croix Rouge installé en ville et tenu par les sœurs de la Charité.
Plus tard, la commune reçoit d’autres dons, notamment des legs de Pierre Edouard Carrier, de Judith Charlet, un de la famille Michel Devouassoud et un de la famille Garny. Mais aussi des biens originaires des fabriques de Chamonix et d’Argentière (une fabrique était un établissement public du culte catholique relevant de l’autorité ecclésiastique, c’était un instrument d’administration pour le service public des cultes mais étaient très impliquées dans les bureaux de bienfaisance).
Mais mieux encore, après le décès du fameux Venance Payot, mort sans héritier direct, on apprend par son testament olographe du 1er mars 1887 « qu’il lègue aux communes des Houches, de Servoz, de Chamonix et de Vallorcine une somme de 20.000 francs en capital et une propriété appelée « Pension hôtel Bellevue » au lieu dit les Rebats (actuellement emplacement de la résidence Belgique) Le tout en faveur d’un Hospice Cantonal qui devait porter le nom Venance Payot .
Mais alors commence une querelle entre les diverses communes.
Effectivement, sur le testament le nom de Chamonix est biffé (chamonix) Donc Chamonix ne devrait pas faire partie de ce legs. Mais pourquoi Venance Payot aurait il enlevé Chamonix alors qu’il était un vrai chamoniard de souche ? L’affaire est conduite au tribunal en février 1905 (par les communes des Houches et de Servoz ). Le tribunal ayant étudié dans le détail le fameux testament note qu’il est bien dit au bas du testament, signé par Venance Payot, que ce texte est écrit sans ratures et que toute clause surajoutée était donc sans valeur. Quelqu’un donc avait probablement « raturé » le nom de Chamonix … Mais qui ? Nul ne le sait.
Le bâtiment étant mal adapté pour le transformer en hôpital La commune s’engage finalement dans la vente du bâtiment situé aux Rebats ; Il fallait obtenir l’autorisation des héritiers Payot dont certains n’étaient toujours pas disposés à laisser partir ce bien !. Il faudra toute la diplomatie de Jules Payot (neveu de Venance) pour obtenir le consentement des 42 héritiers concernés ! La mise en vente se fait le 5 juin 1911, mais la valeur de ce bien est nettement au dessous de ce qu’avait estimé Venance Payot en son temps… Donc t il n’y a toujours pas de nouvel hôpital à Chamonix malgré les divers legs !
En 1922 les communes de la Vallée de Chamonix acquièrent l’ancien Hôtel de la Mer de Glace au Haut du Bourg, absorbant l’ensemble des capitaux. La commune de Chamonix fera un emprunt pour combler le reste manquant.
Ce ne sera que le 4 décembre 1922 que le ministère de l’hygiène fonde officiellement « l’Hôpital-Hospice de Chamonix et Cantonal Venance Payot ».
En 1932 sont aménagés un servie plus technique de médecine et un de chirurgie.
1939, legs de Emma Tronchet. En 1941, legs de Stéphanie Charlet. En 1942 legs de Pierre Eloi Simond ( legs important avec de nombreuses terres située au Tour ce qui permettra la création d’un service de maternité)
1948, legs de Judith Ducrey.
1958, on rénove et surélève le bâtiment principal.
1961, projet d’un hôpital dans les lacets du Belvédère.
1965, projet d’agrandissement non abouti.
1974, construction du bloc opératoire.
1983, la dernière religieuse s’en va.
1988, legs d’Hélène Couttet. Nom qui sera donné à la MAPA,
1990, projet du nouvel hôpital, avec le soutien de Mr Balladur, au lieu dit des Favrands, inauguré en 1994.
Les chamoniards regretteront toujours « leur » ancien hôpital avec quasiment toutes ses chambres orientées vers le mont Blanc, son service de chirurgie au 1er étage, sa maternité au second, ses religieuses, ses infirmières et ses médecins que tous connaissaient sans oublier sœur Gasparine, qui dirigeait avec autorité et empathie le 4ème étage
L’ancien hôpital était l’âme de cette petite ville de montagne. Ici naissaient et mouraient les chamoniards !
IL a été rasé, mais son souvenir restera longtemps dans la mémoire des chamoniards.
Sources : Christian Lemarcis. Ancien directeur de l’hôpital – Archives association des Amis du Vieux Chamonix