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Étiquette : Christine Boymond Lasserre

Le clocher de l’église Saint Pierre d’Argentière  n’est il pas  le plus beau de la vallée ?

Les Argentérauds l’affirment : oui, il est le plus beau !

A la vue des anciennes lithographies ou tableaux, le clocher n’a pas la forme connue de nos jours. Comme pour les églises de l’ancien duché de Savoie, le clocher  est relativement simple, une flèche s’élançant vers le ciel,  à l’image des églises savoyardes.

En fait,  le clocher d’Argentière subit ce que tous les clochers savoyards vont connaître durant la période révolutionnaire. Le gouverneur Antoine Albitte, envoyé pour établir le gouvernement révolutionnaire en 1793, ordonne que « toutes les maisons des villages soient  à même hauteur y compris les anciens bâtiments de culte ». Ce Robespierre savoyard  fera raser tous les clochers de Savoie en 1794 : 800 clochers détruits, 1600 cloches fondues !

Mais voilà,  le temps passe,  et dès 1815,  sous la restauration du régime sarde, les églises peu à peu sont reconstruites. Les Houches, Chamonix, Argentière entament les travaux de reconstruction de leur clocher. En 1815 on voit les autorités locales s’inquiéter de l’état du clocher d’Argentière et décider de vendre des terrains afin  de financer les travaux de sa restauration. Il faudra attendre 1845 pour voir enfin les travaux achevés.

A l’époque,  l’ensemble des clochers de la vallée sont reconstruits selon un modèle dit « clocher à bulbe ». Pourquoi ? Peut être les artisans se sont ils  inspirés des clochers à bulbes de certaines anciennes églises savoyardes réalisés dans d’autre communes.

 Il est notoire  que c’est d’au-delà des Alpes leur sont parvenus le dôme et le lanternon, soit de  Franche Comté, soit des  pays germaniques ou encore  d’Italie. Les artisans savoyards émigrants ont su s’inspirer des idées créées ailleurs ; Il les  ont adaptés . Celui d’Argentière est le plus sophistiqué, le plus élégant de la vallée.

A sa base, on voit une première partie octogonale  surmontée d’un lanternon ceint d’une galerie, il y a ensuite un premier dôme, un second lanternon et un second dôme et finalement une flèche. 

Sa beauté est incontestable, on remarquera son parfait équilibre.

A l’époque de sa réalisation, le clocher avait été recouvert d’écailles de fer blanc, une tôle d’acier recouverte d’étain. Ce fer blanc avait la particularité de rouiller ce  qui donnait au clocher  une couleur dorée très chère aux Argentérauds. Cette couleur était produite par un processus intéressant. En fait,  les conditions d’étamage de l’époque n’étant pas parfaites,  l’eau réussissait à traverser l’étain jusqu’au fer  donnant à notre clocher cette couleur si chaude.

Ce clocher magnifique semble en effet  être  « doré ». Grand  nombre de visiteurs l’admirant s’imaginent qu’il est recouvert de petites tuiles de bois. L’illusion est parfaite !

Lors de la restauration  de 1986, le curé Eyrehalde tenait avant tout à retrouver cette couleur. Mais les techniques modernes de fer étamé ne permettaient plus d’obtenir le même résultat .Les Argentérauds partirent alors à la recherche d’un artisan travaillant « à l’ancienne ». C’est finalement  en Angleterre que l’on trouva un professionnel capable de fabriquer ces tuiles si particulières.

Et c’est grâce à Gérard et Thierry, Compagnons du Tour de France, après des milliers d’heures de travail acharné pour la pose des tuiles, que  le clocher retrouva son aspect si  original.

Il fut inauguré le dimanche 24 janvier 1986. Ce clocher magnifique semble en effet  être  « doré ». Grand  nombre de visiteurs l’admirant s’imaginent qu’il est recouvert de petites tuiles de bois. L’illusion est parfaite .

Histoire et patrimoine de la vallée de Chamonix

Les Bouchards : connaissez vous ce hameau hors du temps ?

 Au delà des Houches, dans ce petit vallon caché de Vaudagne sur le chemin vers le mont Borrel se niche un hameau des plus magnifiques.

Ici le temps est suspendu. Quelques maisons, entourées de greniers et remises,  un four à pain. Pas de clôtures. Il y a les Bouchards d’en haut,  avec trois maisons, les Bouchards d’en bas avec cinq maisons. En patois  on dit les Bouchards d’ava et les Bouchards d’amon.

On apprécie ce milieu préservé, authentique. Certaines de ces  anciennes fermes ont été restaurées,  sans ostentation, dans le respect de l’architecture originelle. La plupart datent de la fin du 18ème, début du 19ème.  Sur la mappe sarde  on en comptait un plus grand nombre.

Ces fermes sont édifiées selon le même plan, comme toutes celles de notre vallée. Leurs bases sont construites avec les pierres des torrents, jointoyées à la chaux puis crépies  également à la chaux.   Ce rez-de-chaussée    abritait  à la fois les hommes, à l’aval du bâtiment  vers le soleil. et  les animaux  à l’amont (vaches- chèvres-cochon,  parfois un mulet).Le long des façades, sur le pignon avant, courent des galeries où l’on faisait sécher le linge et aussi les petites récoltes comme les oignons ou les prunes produites dans les champs du côté de Servoz -Passy. De même pour  le chanvre ou le lin qui étaient suspendus à de  longues perches accrochées au pignon.

 Pour accéder  à l’intérieur on emprunte  une sorte de « sas » appelé le « devant de l’Outa ». Celui-ci  donne sur  deux portes. L’une ouvre sur un  un couloir appelé « puech » par lequel on accédait   au logement familial, d’abord   à la cuisine appelée outa. Outa lieu de la « bourne » immense cheminée traversant la totalité de la maison. A l’intérieur on y fumait les salaisons, provisions indispensable pour la survie de toute la famille.

De là on accédait au   pèle, pièce chauffée par un poêle, le  lieu de vie de la famille. Parfois trouve t-on  une chambre supplémentaire  pour les parents.

Du « devant de l’outa »  une autre porte donne  accès à l’écurie où se tenaient  les bêtes  le temps des longues périodes d’hivernage.

Au sous-sol se trouvait la cave. Y étaient entreposés les fromages fabriqués par la famille, les salaisons fumées ou salées sur place,  les réserves de « tartiffles » (pommes de terre) ou fruits produits dans  les environs.

La partie supérieure abrite la grange à foin. Une  charpente dite « à colonnes » s’appuye  sur la maçonnerie du bas.  Les parois sont formées par un mantelage de planches horizontales non jointes afin d’aérer l’ensemble. Adossée à l’amont, est aménagé  un accès de plain pied. On  stockait « les trosses » de foin,  afin de nourrir les bêtes durant les longs mois d’hiver.

Chacune des ses fermes possède un, voire deux greniers. Un four a été restauré.

Ici on est en paix.   Respectons ce lieu magnifique…

Merci à Yves Borrel pour sa collaboration

Histoire et patrimoine de la vallée de Chamonix

Christine Boymond Lasserre

 

 

 

 

A Chamonix, qu’est-ce que  le Pont de Cour ?

  Traverser l’Arve autrefois  a été une problématique majeure pour nos anciens. Avant d’accéder dans la vallée de Chamonix on  franchissait le torrent à Servoz par le fameux pont Pélissier, régulièrement emporté par des eaux dévastatrices, puis  le chemin restait sur la rive gauche.  Avant d’arriver au bourg de Chamonix on retraversait l’Arve  aux Bossons par le pont de Pierralotaz.

Au cœur de Chamonix,  il existait  un seul et  unique passage pour passer sur l’autre rive : le fameux pont de Cour.

Aujourd’hui, nous avons un grand et large pont de pierres situé entre la poste et le bar de la Terrasse. Ce lieu s’appelle, depuis le Moyen Age, le Pont de Cour.

On le trouve parfois orthographié Cour, Court ou encore Couz.

Court ou Cour   provient du bas latin curtis,  c’est-à-dire « cour de ferme » ou « enclos comprenant maison et jardin, tenure ». Ce qui serait assez logique puisque  les prieurs  possédaient en bordure d’Arve une grange,  deux moulins,  un  battoir,  justifiant ainsi  le nom de notre pont. Mais alors pourquoi dans certains documents trouve-t-on parfois Couz? Couz dans les Alpes signifie un col. Ici ? Un col ?  Peut être un lieu ou les berges se resserrent? En tous cas certainement un lieu où il était relativement aisé de traverser grâce  à  une passerelle. En 1435, à la lecture des actes signés entre les prieurs et les communiers, on apprend que les riverains ont l’obligation d’entretenir les routes et les ponts, mais on ne relève rien de précis concernant notre pont au cœur de Chamonix.

 Ce Pont de Cour fut en 1635  l’objet d’une transaction entre la communauté de Chamonix et le chapitre de la collégiale de Sallanches. Il est précisé que « la communauté de Chamonix sera tenue à perpétuité de rendre accessible le Pont de Cour avec une largeur suffisante pour y passer les chariots, à la charge néanmoins que les seigneurs du Chapitre seront tenus de faire le port de tout le bois et qu’ils seront tenus de le couper dans la dimerie de l’église du lieu »

Ainsi, un seul pont de bois donnait accès à la rive gauche, régulièrement emporté par les débordements  de l’Arve. Cette petite passerelle  n’était pas plus large d’un mètre. Mais toujours  elle fut reconstruite au même endroit. Paul Payot,   dans son livre « Au royaume du Mont Blanc », nous apprend que le 18 septembre 1801 le pont de Cour est tombé avec sept vaches appartenant au frère Désailloud…  Les vaches n’ont pas eu de mal, heureusement !

L’Arve, rivière indisciplinée au cours changeant,  avait pour habitude de déborder de ses berges, pour preuve certaines photos du 19ème siècle qui nous montrent l’Arve et l’Arveyron,  ainsi que les torrents de Blaitière,   s’étalant largement au-delà de leurs rives gauches.

Il faudra attendre les années 1840, sous le régime du royaume de Piémont Sardaigne, pour que certains travaux d’endiguement soient engagés. C’est d’ailleurs durant cette période que l’on voit la construction en encorbellement de l’hôtel d’Angleterre ou de la pension de la Terrasse. Les travaux   de canalisation  reprendront sous le régime français dans les années 1870-1880.

Il est instructif de regarder les diverses vues, tableaux, lithographies représentant ce pont de bois. Tout d’abord passerelle étroite peu engageante, on la voit se transformer, devenir de plus en plus large. Le pont sera refait à neuf en 1832,  puis construit en pierre en 1880, et encore élargi à son emprise actuelle dans les années 1970.

Le pont sera refait à neuf en 1832, puis construit en pierre en 1880, et encore élargi à son emprise actuelle dans les années 197

Sur la commune des Houches une statue monumentale : le Christ Roi

A 1265m d’altitude,  on la distingue à peine dans le paysage, perdue qu’elle est dans l’immensité de la montagne. Il faut être à son pied pour  prendre la mesure de cette statue monumentale. Elle mesure 25mètres de haut, pèse 500 tonnes. Imposante, campée sur un éperon rocheux de 50m, elle domine de  200m le  fond de la vallée  face au Mont-Blanc.  A l’époque on devait la voire de très loin, la forêt n’était pas aussi dense qu’actuellement.

 Mais quel est donc l’histoire de cette statue inaugurée en 1933 ? Pourquoi à cet endroit  dans la vallée de Chamonix  une statue du Christ Roi .

Carte postale années 1940…

C’est un abbé,  l’abbé Claude Marie Delassiat, curé des Houches en 1926, qui rêve de rendre hommage au pape Pie XI mieux connu, dans la vallée,  sous le nom d’Achille Ratti. Il avait gravi le Mont Blanc côté italien en 1890, il  avait logé aux Houches. Devenu pape, il  avait proclamé, dans une encyclique, la royauté universelle du Christ c’est-à-dire la primauté du Christ Roi sur l’homme alors que monte en Europe la vague des dictatures. Cette statue veut symboliser l’amour et la paix entre les hommes. Projet soutenu non seulement par l’évêque, le Vatican et les instances politiques mais aussi par les habitants de la vallée. L’abbé  lance une souscription. En 3 ans il récolte la somme nécessaire pour la réalisation de son projet.

On fait appel à un sculpteur parisien, George Serraz , spécialiste de l’art religieux. L’architecte Viggo Féveile, installé à Chamonix,  supervise l’ensemble des travaux. Ce sera donc une statue monumentale en béton, matériau devenu à la mode depuis l’après guerre. On imagine les difficultés rencontrées pour la réalisation des travaux dans ce lieu qui n’était desservi par aucune route carrossable. La base de la statue  sera composée de blocs de béton coupés en tranches, puis assemblées sur place. Le buste, les bras, la tête sont réalisés tout d’abord  en terre. De ces réalisations on en ferra des moules en plâtre. Le béton sera alors coulé dans ces moules. Quelques détails seront travaillés directement sur le béton frais.

Le socle de ce monument abrite  une chapelle avec deux autels où deux prêtres pouvaient officier en même temps. Elle et est décorée de diverses statues dont un buste du pape Pie XI et d’une statue de « Marie reine du monde ».  Un escalier tournant  de 84 marches à l’intérieur  permet d’accéder à une plateforme dissimulée derrière la couronne. On dit même qu’un passage existe le long du bras qui bénit !

Cette statue est non seulement typique de l’art religieux de l‘époque dans un contexte international de gigantisme mais elle est par ailleurs une émanation explicite de l’art décoratif. Cette expression artistique de l’entre deux guerre se révèle ici dans cette statue monumentale. L’ « art déco » est l’art du modernisme. Tout d’abord on utilise les nouveaux matériaux, ici ce sera le béton. Puis « l’art déco » est l’art  de la géométrie, de la symétrie, en rupture avec « l’art nouveau » qui est l’art des circonvolutions. La statue du Christ Roi est représentative de cette vision moderne.

Grâce aux drones on peut aujourd’hui mieux apprécier cette statue  emblématique quelque fois moquée pour sa silhouette massive.

Son intérêt historique mérite qu’on l’apprécie.

Autres statues monumentales de Christ Roi :

Brésil à Rio : statue de 25m de haut sur un piédestal de 85m – 1931

Portugal à Almada Lisbonne : 28m de haut sur un portique de 82m – 1949-59

Suisse dans le Valais à Lens: statue de 15m su socle de 15m – 1935

Pologne à Świebodzin : statue de 33 m de haut – 2010

Sources  : Gilbert Gardes Histoire monumentale des deux Savoies – Revue de l’illustration 1934- Yves Borrel document écrit  pour la commune des Houches – Paul Guichonnet : Encyclopédie savoyarde 

Un des plus charmants hôtels de notre vallée : l’Hôtel de la Prairie au village des Bois

L’hôtel le plus charmant de notre vallée : l’Hôtel de la Prairie au village des Bois

Il

Il évoque une   petite maison du bonheur, une exception dans cette vallée où profit  jongle avec urbanisation. On est sous le charme de cet hôtel  construit au cœur des  champs face au Mon Blanc. On  admire sa façade ancienne et traditionnelle, on aime sa tonnelle luxuriante et ses nappes à carreaux… Ici on ressent ce sentiment d’un passé suranné qu’évoque ce lieu hors du temps.

Ici,  Henri Claret Tournier construit entre 1900 et  1905 un petit hôtel sur une jolie parcelle de terre appelée « les Carrés », dont il a hérité tandis que son frère  recevait  la ferme familiale proche.

Les habitants du village participent à la construction, les graniteurs de la carrière voisine réalisent  tous les encadrements en granit  des fenêtres et portes de l’hôtel. Henri  avait compris que la poussière et l’agitation du centre de Chamonix pouvaient faire fuir des clients qui seraient alors à la recherche d’un lieu verdoyant et tranquille. Pari gagné. L’hôtel n’ouvrira que l’été,  mais ne désemplira pas de saison en saison d’été. C’est bien chez Henri  que les clients citadins viendront se reposer et profiter du calme absolu de ce village authentique. A l’arrière de la maison,  selon la tradition,  il  y eut longtemps une écurie qui permettait ainsi de fournir la clientèle  en lait frais. De même un potager  jouxtait l’hôtel. Du bio avant l’heure… Henri était guide. Il sera guide chef en 1920, et  aussi conseiller municipal pour la commune de Chamonix.  Avec ses clients qui logeaient chez lui il parcourra  la montagne, les emmenant  partout dans le massif. Il ira entre autres  99 fois au sommet du Mont Blanc, le plus souvent avec eux.  Belle performance! Henri avait pour épouse Aline, une Charlet venue d’Argentière. C’est elle qui tiendra l’hôtel lorsque son mari de guide partait en montagne. C’est elle qui saura recevoir cette clientèle citadine. L’hôtel ne désemplissait pas de tout l’été. La clientèle anglaise prenait plaisir à passer un mois ou deux ici  au village des Bois, loin des fumées londoniennes.

Henri Claret Tournier et son épouse Aline, sa fille Perlina, et l’employée de maison.

Perlina, la fille adorée d’Henri , prendra la succession. D’une main de maître elle tiendra l’hôtel jusque dans les années 1950. C’est à cette époque que Jean Louis Barrault et Madeleine Renaud  résideront à la chambre n°16 face au Mont Blanc, dans  cette pension au cachet si rare .Ce  petit hôtel se transforme doucement. Il était difficile pour les héritiers  de moderniser un hôtel datant des années 1900. Cependant, contrairement à beaucoup d’autres hôtels de la vallée qui changeront de mains,  il restera la propriété de la famille. En 1950 Jean et  Louisette font de cet hôtel une pension de famille chaleureuse et appréciée de tous, connue entre autre pour son excellente cuisine .On gardera jusqu’en 1990 la veille tradition chamoniarde d’appeler les clients pour les repas à l’aide d’une cloche… C’est dire à quel point cet hôtel était  apprécié à sa juste valeur pour l’authenticité de ses habitudes.

De nos jours il est tenu par l fille de Geneviève, arrière petite fille de Perlina. Elle entretient avec bonheur la tradition familiale,  elle  modernise peu à peu les lieux, leur conservant ce charme d’une autre époque.

On ne peut que souhaiter que cet hôtel à l’attrait  si  indéfinissable  puisse rester encore longtemps au milieu des prés méritant son  nom de « la Prairie ».

On lui souhait longue vie…

Sources : archives familiales famille Lochet – Claret Tournier

La rue de l’église Aujourd’hui – Hier (en image)

 

 

A gauche on distingue très bien le magasin musée « Au Cristal de Roche  » construit par Venance Payot ancien guide, ancien maire de Chamonix, éditeur, collectionneur scientifique passionné .
Le magasin fut détruit et remplacé par la banque Payot édifiée en 1930 par Paul Payot, neveu de Venance Payot
A l’arrière un bâtiment, second hôtel du « Mont Blanc » construit en 1857, détruit pour être remplacé par le bâtiment Kursaal (actuellement le bar Cheval rouge et boulangerie).
Ici était le carrefour , le lieu de rencontre entre les guides chamoniards et leurs clients venus des divers hôtels.
A droite on voit très bien l’hôtel le Terminus et l’ancien relais des diligences devenu pharmacie , un peu plus loin se trouvait le bureau des guides (emplacement actuel du magasin hightech) et un peu plus loin encore on reconnaît l’hôtel Impérial devenu hôtel de ville en 1907.

 

Histoire et Patrimoine de la Vallée de Chamonix

Christine Boymond Lasserre

La tourne de l’église de Vallorcine

La vision de l’église de Vallorcine protégée par sa tourne est saisissante.
Elle est seule face à l’adversité, face aux avalanches, et on éprouve de la crainte pour elle.

Depuis toujours, elle est édifiée à cet emplacement et depuis toujours elle est protégée par une turne…
Une tourne, turne en patois vallorcin, est une digue en forme d’étrave dressée en amont d’un bâtiment pour le protéger. A Chamonix on parle d’une tourne, attention! A Vallorcine on parle d’une turne.
En 1272 ici fut construite une église, détruite 16 ans plus tard, probablement par une avalanche. Puis reconstruite dans la foulée et inaugurée le 8 juin 1288. On sait peu de choses de cette église médiévale sinon qu’elle était protégée par une tourne en bois. Et dans les bras de celle-ci se trouvait une chapelle. (voir plan).
Le 1er mars 1594 la nef et une maison furent détruites par une avalanche.
Le 5 mars 1674 le hameau du Siseray proche, situé à environ 300m fut totalement enseveli.
Le 20 février 1720 la chapelle dans la tourne fut soufflée, le cimetière autour de l’église endommagé.
La turne n’était pas assez haute pour protéger l’ensemble.

L’église étant devenue vétuste, les Vallorcins désirèrent la reconstruire. Que de palabres entre eux ! Et oui… Ceux du haut de la vallée souhaitaient une église plus sécurisée et plus proche de leurs lieux d’habitations, et ceux du bas voulaient la maintenir au même endroit. C’est le curé, le curé Cruz, qui parvint finalement à convaincre ses paroissiens de maintenir l’église dans son lieu d’origine.
Mais avant tout, on se devait de reconstruite la « turne ».
On la voulait bien , plus résistante, plus forte, plus large que la précédente.. Un projet titanesque pour l’époque ! Les travaux furent engagés en 1722. Il fallut deux ans aux Vallorcins et une volonté d’airain pour l’édifier. Ils donnèrent 4500 journées de travail pour la construire. Durant l’été, les bonnes pierres étaient repérées dans les éboulis, pierres que l’on faisait glisser sur la neige en fin d’hiver. Le sable nécessaire était porté le soir après les travaux des champs. La chaux, indispensable pour lier l’ensemble provenait d’un four situé aux Jeurs (en Suisse), elle fut acheminée en un jour au moyen de hottes.
Mais quel travail ! Quelle volonté ! Quelle réalisation !

Pour info :
La première pierre de l’église est posée le 19 juin 1755. C’est un maitre maçon du Valsesia Mr Domenigo Guelino qui dirige les travaux aidés de 7 maçons et 10 paroissiens .Le 28 octobre 1757 Domenico GUELINO donne sa dernière quittance. C’est lors de ces travaux que l’église est construite dans le sens que nous lui connaissons c’est-à-dire nord-sud .

Cette tourne se montra efficace car en 1803 l’avalanche évita l’église alors qu’elle s’étendit dans toute la pente environnante. En 1843 l’avalanche détruisit le haut du clocher et endommagea le presbytère, le chœur et la nef furent épargnés. La turne a joué son rôle ! On la renforça en 1863, puis en 1953. Désormais on l’entretient avec beaucoup d’attention. Encore en 1999 elle protègera l’église de l’énorme avalanche descendue jusque dans le lit de l’eau noire, la rivière de fond de vallée.

Cette turne est impressionnante.
Actuellement la tourne d’origine de 1722 est à l’intérieur de la turne actuelle .Haute de 3m et large de 5m.
Les murs ont été renforcés en 1863 par un mur supplémentaire de 3m de haut pour renforcer la turne d’origine.
Ce même mur sera rehaussé de 2m en 1953 mai seulement du côté ouest..
Ce qui lui donne en côté ouest une hauteur de 5m au niveau de l’église.
La construction est en pierres sèches, sans liant.
Compte tenu de leur taille et de la précision de l’ouvrage, c’est un travail colossal ….On ne peut qu’être admiratif !


Sources :
Germaine Lévi-Pinard : Vallorcine au 18ème siècle .
Françoise et Charles Gardelle : Vallorcine-
E v’lya : la revue n° 4 du musée vallorcin
Jean Yves Mariotte : Henri Baud – Alain Guerrier : Histoire des communes savoyardes.

La première représentation picturale du massif du mont Blanc

Voici un tableau étonnant. Il date de 1444 et a été réalisé par le peintre souabe Conrad Witz. Commandé par l’évêque de Genève pour la cathédrale Saint Pierre,  il représente comme il se doit une scène religieuse. Celle-ci intitulée « la pêche miraculeuse » est peinte au bord du lac Léman.

Effectivement, la scène se passe sur la rade du lac. On y voit le Christ, les pêcheurs avec leur filet sur la barque et Saint  Pierre patron de la cathédrale de Genève nageant vers Jésus.

 On comprend évidemment toute la symbolique religieuse de ce tableau.

Mais ce qui est tout à fait exceptionnel pour l’époque c’est l’arrière-plan. Un  paysage topographique précis. Bien peu de tableaux,  en cette période de fin du gothique début Renaissance,  laissent une place aussi  importante aux sites naturels environnants.

Certes, au XVème siècle,   de nombreux tableaux ont pour décor un paysage. Mais celui-ci n’est jamais  identifiable. Il est virtuel, imaginaire, il sert de décor, ou alimente une métaphore ou une symbolique comme dans certains tableaux de peintres flamands ou même de Léonard de Vinci.

Ici ce n’est pas le cas. Le décor  est exact,  conforme   à la réalité.

On y voit très bien sur la droite   la ville de Genève dont certaines maisons reposent sur des pilotis,  le château de l’Ile (de nos jours au centre de la ville). A l’arrière les murs d’enceinte et des petits personnages   brandissant le drapeau de la  maison de Savoie.

On admirera surtout les détails du paysage sur le fond de cette scène. On y voit distinctement le Môle au centre, le Salève à droite, les Voirons à gauche et tout au fond le Massif du Mont Blanc, le massif de l’ensemble du massif Ruan – Buet – Tenneverge, et à droite celui  du massif des Bornes – Aravis.

C’est la première représentation connue de l’ensemble des ces massifs.

 Il faudra attendre plus de trois  siècles avant que le Mont Blanc ne fasse son apparition dans la peinture.

Ce tableau a été restauré en 2013. Il fait partie d’un ensemble de 4 panneaux visibles au musée d’art et d’histoire de Genève. A voir absolument.

Un patrimoine méconnu mais menacé : les anciennes mines de la vallée de Chamonix

Un patrimoine méconnu mais menacé

Lors de  balades  il  nous arrive de découvrir des  apparences  de grottes  débouchant sur  des galeries. Elles sont nombreuses dans la vallée. Sous leur mystère,  elles  nous racontent  un passé un peu oublié.  Certaines de ces galeries sont d’anciennes mines, d’autres  sont simplement des  ouvertures exploratoires.

Quels minerais trouvait-on  donc dans  notre vallée?

De nombreux  types de  minerais ont été  exploités,  tels ceux contenant  du cuivre, du plomb ou de l’argent. Ces métaux ne sont pas trouvés à l’état pur mais font souvent partie  d’un filon dit « polymétallique »,   c’est-à-dire qui  contenait plusieurs métaux dont l’extraction est très complexe.

Servoz  hérite d’une histoire minière riche. Au 15ème siècle,  un document atteste d’un contrat signé entre le prieur de Chamonix et un exploitant pour des mines d’or, d’argent, de plomb de cuivre et autre minéraux. Mais c’est avant tout au 18ème siècle que  l’on retrouve des contrats  souscrits  avec des maîtres mineurs. Peu de temps avant la période révolutionnaire, les chanoines signent  et accordent l’édification d’un complexe abritant la maison du directeur, les logements des ouvriers,  les dépôts de bois, etc…  Une importante société est créée…  Des directeurs sont nommés, on exploite dans toute la   zone de Pormenaz à Coupeau.  Mais la révolution sonnera le glas de cette exploitation.

Jamais Servoz ne retrouvera une activité minière très active.

Cependant des gisements un peu partout dans la vallée continueront d’être exploités durant encore une grande partie du 19ème siècle. Des techniques plus modernes pouvaient laisser espérer un travail  plus facile.  Ainsi de 1873 à 1925  des mines d’anthracite ont été ouvertes ou 50 à 60 personnes travaillaient tirant de ces mines 2 wagons de 10 tonnes par jour ! Il y a eu jusqu’à 7 galeries

.

Mais ce qui m’intéressait,  c’était de comprendre comment  travaillaient ces mineurs dans ces  sombres galeries.

Aussi ai-je demandé à Stéphane de m’emmener visiter une galerie, je ne vous dirai pas où, ces vestiges doivent rester confidentiels. Stéphane est un passionné, il explore depuis sa plus tendre enfance toutes ces mines… Je crois bien qu’il les connaît toutes …

C’est fascinant et passionnant de pénétrer dans ces boyaux,  car hormis le fait que l’on y trouve des minerais différents,  ces mines racontent  une histoire d’hommes. Etroites, creusées à la main  dans une roche particulièrement compacte, sur une bonne centaine de mètres,  elles  sont impressionnantes. Elles montent,  puis descendent, à la poursuite d’un filon repéré par les mineurs.  Certaines de ces mines sont encore étayées  de madriers de bois. Dans l’obscurité totale, les mineurs  déposaient leurs lampes à huile sur de petits rebords. Ils parvenaient ainsi à discerner les filons qu’ils recherchaient.  Ils devaient en extraire  le minerai intéressant,  c’est-à-dire creuser, tailler dans la roche dure,  extraire des blocs et ensuite les  transporter  (on imagine le poids !) à l’extérieur. De là,  ils étaient emmenés à l’exploitation pour qu’il soit  triés, concassés et réduits en poudre.

Dans les mines de Servoz l’ouvrier travaillait de 6 h du matin à 18h. Payés soit à la journée, soit au mètre d’avancement. Souvent les mineurs œuvraient  à deux et on déduisait de leur salaire  le prix des fournitures (poudre huile pour lampes etc).

Quel travail !

Aussi avons-nous un devoir de respecter et de protéger ces mines qui ont une valeur patrimoniale certaine. Elles sont le témoignage  du dur labeur de mineurs qui ont œuvré au cours des 18ème et 19ème siècles.

Malheureusement,   certaines sont aujourd’hui dégradées,  voire pillées. Beaucoup peuvent y pénétrer  impunément  et sont responsables des détériorations. Quel intérêt y trouvent ces intrus? Ils n’y trouveront ni or, ni argent, ni cristaux…  Rien qui puisse les enrichir!

N’oublions pas que ces petits trésors sont protégés par la loi. Ces dégradations peuvent  relever  du code pénal…

Sources  : Stéphane Briand – Livret édité par l’association Histoire et traditions «  Mines et Ardoisières de Servoz » – Archives association des Amis du Vieux Chamonix.

Le moulin des artistes a disparu dans les flammes l

Le moulin des Praz appelé « le Moulin des artistes » a disparu dans les flammes au cours de la nuit du 9 au 10 décembre 2016.


Ce moulin existe depuis 1531 (voir carte des Archives départementales). Il était couplé à la scierie dont l’activité s’est arrêtée il y a quelques années.

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Dans ce hameau appelé « le Châble »à l‘entrée des Praz au 19ème siècle se trouvaient  deux tanneries et  une scierie couplée d’une forge .Plusieurs familles  occupaient  cette courbe de l’Arve. Le tout sera emporté par une terrible avalanche en 1847 .Les chamoniards seront présents pour aider les familles touchées par cette avalanche meurtrière.

Les tanneries disparaitront mais la scierie et la forge tenues par la famille Vouillamoz conserveront leur activité jusque dans les années 1990. Philippe Vouillamoz donnera une nouvelle vie à sa scierie en y exposant ses sculptures de bois et en proposant à d’autres artistes locaux d’exposer avec lui. Ces artistes faisaient revivre avec bonheur ce lieu chargé d’histoire

A sa disparition la scierie restera quelques temps fermée . Mais  rapidement elle retrouvera vie avec Andy Parkins artiste peintre sculpteur amoureux fou de la montagne et Peter Stelkzner fabricant de skis en bois , skis uniques et  au nom étonnant de « Rabbit on the roof ».

C’était un lieu magique et chaleureux
Ils ont tout perdu, une page de notre histoire se tourne.
Mais ne perdons pas espoir …Car depuis le 16ème siècle ce moulin a connu bien des vicissitudes et toujours il s’est redressé grâce à la communauté chamoniarde.

Mont Oreb à Vallorcine . D’où nous vient ce nom biblique ?

Mont Oreb… Mais d’où nous vient donc ce nom aux consonances bibliques ? Le Mont Oreb domine Vallorcine et culmine à 2634m

C’est un lieu  privilégié  durant ces périodes d’automne en raison de l’ensoleillement exceptionnel de sa face sud ouest. Une superbe randonnée sauvage nous emmène  au sommet. Ici c’est le domaine  des bouquetins et des marmottes, rarement dérangés car le lieu est peu fréquenté. De son pied partent des voies d’escalade aux noms  peu ordinaires. Selon les degrés de difficulté, vous pouvez grimper la voie de  « l’été indien », celle des  « diamants de sang » ou encore « la chasse aux trésors » ou « les chercheurs d’or ».

Au cours de ces escalades, on découvre  une pierre   gravée,   sur laquelle  on discerne un dessin précis où l’on  reconnaît les  « tables de la loi » ***. Étrange, non ?

Cette inscription pourrait-elle être la raison du nom biblique du sommet ? Pour information,  dans la bible est cité  le Mont Horeb (mais avec un H), où Moïse aurait reçu les fameuses tables de la loi (voir ci-dessous). Celui ci se situe dans le Sinaï,  culminant  à 2285m. .

Mais ici à Vallorcine ? Y a-t-il une réelle origine biblique ? Pourquoi donc ces inscriptions sur cette pierre perdue au milieu des voies d’escalade ? De tous temps les vallorcins  ont appelé ce sommet  l’Avouille Mousse ou encore la Tête Motze , c’est-à-dire l’Aiguille émoussée ou l’aiguille arrondie. Alors ? Pourquoi le Mont Oreb ?

La  réponse nous vient de l’ouvrage écrit par Germaine Lévy Pinard  (« La vie quotidienne à Vallorcine ») où celle-ci précise que Mr Horace Bénédict de Saussure demanda à son guide, Pierre Bozon,  le nom de la  montagne qui dominait le hameau du Couteray.  Il est évident que Mr de Saussure demandait le nom du sommet qu’il voyait. Mais au  18ème siècle, les sommets étaient rarement nommés, seuls les alpages  possédaient un nom.  Aussi  Pierre Bozon donna-t-il  à son client   le nom de l’alpage situé   à proximité. Celui-ci s’appelait « Lo rey » ou « Lo riez » (Loriaz actuel) .  Horace Bénédict de Saussure ne comprenant peut être pas avec précision ce que lui  dit son guide,  entendit « l’Oreb »… C’est ainsi que Mont Oreb  sera le nom donné par le naturaliste à cette montagne dominant le hameau,

 L’Avouille Mousse  prendra définitivement le nom biblique de Mont Oreb.

Mais pourquoi donc ces inscriptions sur une de ces pierres ? Il nous faut tout simplement remonter dans les années 1950  où un guide et son client, Roger Carro, radiesthésiste et chercheur d’or,  découvrent ce lieu particulier et  isolé. Ils ouvrent certaines de ces voies leur donnant ces noms originaux.

Roger Carro, mystique et probablement inspiré par le lieu et par ce nom biblique,   eut tout simplement  l’idée de graver ces tables de la loi. Ignorant probablement l’origine exacte du nom de ce sommet, il fut certainement intrigué par cette appellation religieuse peu commune, d’où son envie de marquer à jamais sur une pierre le symbole du Mont Oreb afin d’intriguer les futurs alpinistes! Aidé de son guide, il réalisa son projet… Le secret fut bien gardé jusqu’à nos jours.

 Ces inscriptions figurent encore. A vous de les trouver !

*** (Les tables de la loi sont, dans la bible,  des tables en pierre sur lesquelles Dieu a gravé les dix commandements.

 « Moïse retourna et descendit de la montagne, les deux tables du témoignage dans sa main; les tables étaient écrites des deux côtés, elles étaient écrites de l’un et de l’autre côté. Les tables étaient l’ouvrage de Dieu, et l’écriture était l’écriture de Dieu, gravée sur les tables. )

Comment une statue n’est pas toujours bien comprise

Non! La magnifique statue trônant au centre de Chamonix ne commémore pas la première ascension réalisée  par Jacques Balmat et Gabriel Michel Paccard en 1786. Elle représente  Horace Bénédict de Saussure avec  Jacques Balmat,   le docteur Michel Gabriel Paccard y est absent. Pourquoi ?

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Regardons les inscriptions :

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A l’avant de la statue : A  H.B de Saussure – Chamonix reconnaissant –

A l’arrière on lit : Erigé en MDCCCLXXXVII (c’est-à-dire en 1887) – avec le concours des clubs alpins français, suisse, italien, anglais – l’Appalachian Mountain club de Boston – la société des touristes autrichiens et de l’académie des sciences de Paris.

Et oui! Cette statue fur érigée, un siècle plus tard,  à la mémoire de  Mr Horace Bénédicte de Saussure qui parvint au sommet du Mont Blanc en août 1787 (donc un an après la première ascension) avec l’aide de plusieurs  guides dont Jacques Balmat.

Mais pourquoi donc la statue honore-t-elle  de Saussure et non  nos deux chamoniards ?

En 1834 un testament de J.A.  Chenal Joseph-Agricola Chenal, homme politique savoyard de Sallanches, inscrit  dans son testament de mars 1834 que «  seront données quatre mille livres neuve du Pièmont…à la charge de faire élever à la commune de Chamonix un monument en granit d’après les plans et devis d’un architecte renommé et à l’endroit qu’il jugera à la mémoire de Mr Bénédict de Saussure, le premier qui  a fait connaître mes vallées et qui leur a donné la juste célébrité dont elles jouissent . Je veux que l’inscription suivante soit gravée  A Mr Bénédict de Saussure, Chamonix reconnaissant »

Il  est vrai que l’ouvrage  « Voyages dans les Alpes » de Mr  de Saussure   traduit en plusieurs langues, sera le best seller de l‘époque et nombre de visiteurs se  rendront dans la vallée à la suite de la lecture de cette œuvre. D‘ où la reconnaissance  de Mr Chenal envers Horace Bénédict  de Saussure qui avait, par ce livre, fait une des meilleurs publicités  qui soit pour les Alpes.

Plusieurs projets seront initiés dont un obélisque tiré du granit de la Pierre d’Orthaz. Mais la commune,  en octobre 1840, met fin à ce projet d’autant que l’obélisque a  été endommagé par quelques personnages malveillants. Ce legs de J.A. Chenal accordé sous le régime du royaume de Piémont Sardaigne devait aussi  être reconnu par  la France devenue en 1860  le nouvel état.

Ce sera chose faite en  1883  avec la précision que la somme devait  être utilisée dans un délai de 5 ans. Les choses se précipitent. Le legs n’est pas suffisant pour réaliser un monument prestigieux et c’est ainsi qu’une commission est créée pour rassembler  les fonds. Divers clubs alpins participent ainsi au financement de ce monument.

Il est inauguré en grande pompe le 28 août 1887 pour les cent ans de l’ascension du Mont Blanc par Mr Horace Bénédict de Saussure

.C’est ainsi que Chamonix possède un des plus beaux monuments savoyards. Cette statue, représentant  le savant et l’alpiniste, unis par un regard commun en direction  du sommet, est magnifique.

Michel Gabriel Paccard et Jacques Balmat seront à leur tour honorés, en 1875 pour Balmat par une stèle sur le parvis de l’église, et en 1932 pour Paccard par un médaillon à l’entrée de l’Hôtel de ville puis enfin par sa propre statue en 1986 à l’occasion du  bicentenaire de la première ascension du mont Blanc.

puis enfin par sa propre statue en 1986 à l’occasion du  bicentenaire de la première 

CHRISTINE BOYMOND LASSERRE

Comment dans les temps anciens voyageait- on pour arriver à Chamonix ?

L’accès à Chamonix fut toujours difficile.

Au XIXème siècle, si l’on arrivait relativement facilement à Sallanches en diligence ,  accéder à la vallée était bien souvent une aventure. En raison du chemin accidenté, traversant nants et torrents, nul véhicule ne pouvait  impunément rouler sur ces chemins trop raides, trop périlleux.

Tableau Eugène Guérard. "la poste de Sallanches à Chamonix" année 1850 - Copyright RMN (Réunion des musées nationaux)
Tableau Eugène Guérard. « La malle poste de Sallanches à Chamonix  » 1850 -Copyright RMN (Réunion des musées nationaux)

Le moyen le plus courant était bien sûr le mulet ou la marche à pied.  Mais parfois les touristes empruntaient un  attelage des plus rudimentaires : le char à bancs, sorte de voiture hippomobile ouverte, à quatre roues, munis de bancs disposés parallèlement aux essieux…pas vraiment confortables !  Et lorsque la pente était trop raide ou trop glissante le voyageur était  prié de descendre du véhicule. On démontait le  char  que l’on remontait ensuite quelques centaines de mètres plus loin.  

Lors de son voyage vers les glacières de Chamonix   l’empereur Napoléon III,   effrayé par cet itinéraire éprouvant, offrit une somme d’argent pour  la construction d’une route carrossable  plus large, plus grande et moins dangereuse.

Ce qui fut fait. La route arriva définitivement à  Chamonix en 1870.

A partir de cette date très rapidement, les diligences arrivèrent directement de Genève  à Chamonix. Tout d’abord une  par semaine, puis une par jour voire deux ou plus. Elles  quittaient Genève à 8h du matin et arrivaient à Chamonix vers 16h.

Il  existait plusieurs modèles de diligences, plus ou moins grandes en fonction du nombre de voyageurs.  D’une manière générale, les voitures étaient divisées en 3 compartiments comportant à l’avant un siège couvert appelé « coupé » comprenant  trois sièges plus celui du cocher,  au centre à l’intérieur une partie appelée  « berline »  pouvant contenir 6 ou 8 personnes, ,  parfois une autre berline située au dessous de cette  première,  à l’arrière un siège appelé « rotonde » pour 3 personnes (mais peu apprécié des voyageurs). Parfois sur le toit se trouvait une banquette appelée impériale. Les tarifs évidement étaient variables en fonction de l’emplacement du siège dans le véhicule. Les bagages souvent encombrants  se trouvaient soit en haut, soit dans des coffres à l’avant ou à l’arrière du véhicule. Pour accéder à l’intérieur de la diligence  on avait besoin d’une échelle. Il existait parfois des marchepieds portefeuilles. La partie intérieure de la berline était recherchée car plus confortable… Mais plus chère aussi. Elle était habituellement agrémentée de larges banquettes ou coussins rembourrés  de crin animal ou végétal. Il existait aussi un coussin particulier de forme allongée et très souple appelé rouleau  de voyage qui servait à caler les épaules et le cou… On imagine bien volontiers les secousses. On devait arriver exténués !

A l’arrivée une cohorte de concierges des divers hôtels de la vallée attendaient le client potentiel pour leur proposer un hébergement

L’arrivée du train à Saint Gervais accéléra l’arrivée des touristes dans la vallée et parfois l’on pouvait avoir quatre, cinq diligences arrivant directement de ce terminus.

Dès que le train arriva à Chamonix en 1901 les diligences cessèrent rapidement leurs voyages.  Et on allait entrer dans une autre période, celle des automobiles à moteur.

L’évolution de Chamonix entre 1864 et 1930 : intéressant

Il est intéressant de regarder l’évolution du développement de Chamonix. Après l’incendie de 1855 une grande partie de la ville disparut dans les flammes (rue Vallot actuelle). Il fallut beaucoup de temps à l’administration locale et préfectorale pour engager une reconstruction que le préfet voulait « donner à cette perle précieuse de la France pittoresque ».

Ci-dessous diverses photos permettant de voir l’évolution de la ville entre 1864 et 1930.

C’est seulement en 1864 que l’on voit la  première politique d’alignement appliquée à la rue principale. Ceci  grâce à la « générosité initiative du gouvernement qui par les subventions qu’il a accordé a permis à la commune de donner un tout nouveau aspect à Chamonix à la plus grande satisfaction des étrangers et des gens du pays… »

Une heureuse initiative : la restauration de la chapelle des Tines

Depuis des temps immémoriaux,  les habitants du village ont témoigné leur attachement à cette chapelle consacrée à Saint Théodule.

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Depuis des temps immémoriaux,  les habitants du village ont témoigné leur attachement à cette chapelle consacrée à Saint Théodule. Ici, au Moyen Age, un oratoire consacré à Saint Roch, le protecteur contre

lIci, au moyen âge, un oratoire consacré à Saint Roch, le protecteur contre la peste,  fut élevé à la suite d’une épidémie de cette maladie qui, selon la légende, s’est arrêtée  aux Tines.

En 1500, une bulle papale nous apprend l’édification d’une chapelle dédiée à Saint Théodule. Ce document est intéressant car il y est précisé que cette chapelle se situe au village du Chatelard, qui fut plus tard détruit par l’avancée du glacier des Bois.

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Le culte de Saint Théodule, premier évêque du Valais,  fut probablement initié par une population locale très tournée vers cette région. Beaucoup y travaillaient, nombreux étaient ceux qui allaient sur les marchés de Martigny et donc étaient donc familiarisés avec le culte de ce valaisan.

Pendant plus de 250 ans les habitants  s’astreindront à entretenir le  bâtiment feront donner t régulièrement des messes et des prières par le biais de fondations dont certaines sont nommées dans des documents notariés.

En 1777 la chapelle est réédifiée.

Petite histoire de la chapelle des Tines

Mais elle fut détruite durant la révolution au moment de l’occupation française.  Puis elle  renaîtra encore  par la volonté des habitants, qui ensuite se feront fort de l’entretenir.

La dernière décoration intérieure est due aux royalistes de la vallée de Chamonix. Sous l’impulsion de Mr Cheilan, propriétaire de l’hôtel Excelsior, elle sera ornée en 1938 d’un décor à la mémoire du vœu de Louis XIII. Effectivement, pour le 300ème anniversaire  de ce vœu qui vit le roi mettre la France sous la protection de la Vierge après que celle-ci lui eut  accordé un fils, les royalistes locaux orneront la chapelle de fleurs de lys, d’une statue dédiée à Jeanne d’Arc et d’une autre à Saint Louis, protecteur des rois de France.

Tel est le décor actuel. Celui que les habitants des Tines ont restauré.

Le maître autel est orné d’un grand tableau représentant Saint Théodule. Cette œuvre  est d’origine.

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