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Étiquette : Achard

LA PIERRE AUX ANGLAIS DU MONTENVERS : UNE HISTOIRE BIEN MOUVEMENTEE

Sur le  bourrelet morainique,  au-dessous des installations du Montenvers, se trouve un beau bloc de granit où figurent les deux noms des premiers visiteurs au Montenvers en  juin 1741, Mr William Windham et Richard Pococke.

La tradition veut que ce soit à cet endroit particulier que nos deux voyageurs se seraient reposés,  ici tout près du glacier et y auraient gravé leurs noms !

Mais dans le récit de Mr Windham, nulle allusion à cette pierre ni aux inscriptions. Nos deux personnages ne restent qu’une quarantaine de minutes…  Or pour graver du granit, il faut beaucoup  de temps et une certaine expérience pour ce savoir- faire.

Mais alors pourquoi une « Pierre aux Anglais » ?  Qu’est-elle vraiment ?

Il semblerait que le nom et le choix du lieu a été donnés par Mr Pierre Martel, scientifique genevois venu à Chamonix en  août 1742. Mais Mr Martel précise bien qu’il se pose au dessous d’une énorme pierre sous laquelle on pouvait s’abriter. Ce n’était donc pas la pierre en question !

Théodore Bourrit, lorsqu’il se rend au glacier, ne mentionne pas cette pierre aux Anglais. Juste le lieu.

En 1762, le duc de La Roche Foucauld par contre décrit ainsi cette pierre : «..c’est une pierre qui a quinze ou seize pieds de long sur cinq ou six de large ».

Nous avons donc là  un énorme bloc permettant de se mettre à l’abri, on suppose donc que celui-ci  était bien plus important que l’actuel.

En 1840 , cette pierre est immortalisée par Rodolphe Toepffer, lors de son voyage avec ses élèves, où l’on  voit ceux-ci se mettre à l’abri sous le bloc  de granit. Il le décrit ainsi : « C’est une salle souterraine que recouvre un énorme plateau de granit et nos « touristicules » (touristes)  trouvent l’endroit propice pour y faire du feu !»

Extrait de l’ouvrage de R. Toepffer . Chapitre quatrième journée

ET ENCORE

Alphonse Favre (géologue réputé pour ses recherches de blocs erratiques au cours du XIXe) la décrit ainsi : « … On peut se mettre dessus ou dessous car ce dessous  forme une caverne où l’on se met  assez commodément »

C’est avec James Forbes (scientifique écossais)  que l’on apprend  en 1848 que  ce bloc de protogine marquant le lieu de visite de nos deux Anglais aurait été détruit par un feu allumé en dessous  (?). Une  nouvelle pierre avait été choisie afin de marquer le lieu. Les inscriptions auraient alors été gravées sur ce nouveau bloc.

Amédée Achard nous confirme en 1850   « la restauration de la pierre  par le transfert d’une inscription sur un autre bloc ». Et c’est en 1885 que Gabriel Loppé immortalise cette pierre dont on reconnait bien la forme oblongue.

C’est notre fameuse pierre aux Anglais. Elle date de 1848 et non de 1741 !

IL nous faut donc nous souvenir que cette appellation et ce lieu ont été choisis en 1742  par le  suisse Martel qui, voulant rendre hommage aux deux premiers courageux  visiteurs, a situé et nommé  ce lieu à leur mémoire.

Il est intéressant que ces premiers voyageurs aient malgré tout  marqué la mémoire de chacun. De ce moment-là, les guides tels ceux de Edouard Whymper ou de Charles Vallot évoquent systématiquement cette fameuse  Pierre aux Anglais.

Et une petite remarque le e à la fin du nom Pococke a disparu lors de l’inscription

SOURCES : Lettres de Windham et de Martel par Henri Ferrand – Duc de la Roche de Foucauld: Relation inédite d’un voyage aux glacières de Savoie  –  Théodore Bourrit : Voyages aux glaciers –  John Forbes : Les vacances d’un physicien – Rodolphe Toepffer : Premiers voyages en Zig Zags.  Amédée Achard  Une saison à Aix les Bains .

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