Ellie Pellegrin : Un artiste chamoniard un peu oublié
Nombreux sont les endroits dans la vallée de Chamonix où l’on retrouve la « patte » d‘un artiste qui, durant près de 50 ans, a réalisé de très belles œuvres. Nous les connaissons, mais nous avons bien souvent oublié le nom de leur auteur : Elie Pellegrin.
Né à Toulon en 1914 (d’une maman originaire de Trient), il est formé au dessin industriel et trouve un emploi à l’arsenal de Toulon . Cependant, il adore les beaux arts et prend des cours du soir pour découvrir le fascinant monde artistique. . Il dessine, il invente à tout moment des objets en tous genres, c’est le début d’une vraie passion !
Elie Pellegrin, lors d’un séjour à Chamonix, tombe amoureux de la vallée et après avoir épousé une chamoniarde, Susy Bossoney, il s’y installe en 1945.
Doué, il touche à tout. Au début, il travaille le bois, il prend plaisir à sculpter et donner forme à cette matière qui, sous ses mains, devient objet d’art. Profondément religieux, il se tourne naturellement vers des œuvres à thème chrétien : crucifix, statuettes, médailles…
Il connaît vite le succès . Peu à peu, il se tourne vers les émaux sur métal, mais aussi sur bronze, cuivre, et finalement argent et or. Il développe une technique très personnelle bien vite appréciée des amateurs d’art.
Ses créations prennent toujours un aspect coloré, lumineux. Son esprit imagine et son talent développe un style presque d’avant-garde, dès les années 1960. .
Son atelier est aux Praz, près de la maison familiale. C’est une réelle petite entreprise avec un ou deux employés et les membres de la famille laquelle il est très attaché ! Il affectionne ses 11 neveux et nièces qui souvent viennent le visiter dans son lieu de travail. Il ouvre en 1968 une boutique, rue Paccard, dont beaucoup se souviennent encore. Il vend aussi bien des médailles religieuses que des petits bijoux, souvent pièces uniques. Il a un tel succès qu’il n’arrive pas à fournir l’ensemble des commandes provenant non seulement de la France, mais du monde entier.
Son savoir faire délicat, sa technique très moderne, lui. confèrent une grande réputation. Malheureusement, n’ayant pas protégé ce savoir, il sera copié bien largement !
Durant 30 ans, il réalise gratuitement la matrice des médailles de bronze des guides honorés par la fête des guides du 15 août (visibles au musée alpin). De même, il fabrique la médaille représentant Jacques Balmat et Michel Gabriel Paccard qui se trouve juste au dessus de la porte d’entrée de la Maison de la Montagne, celle de Jean Estéril Straton et celle de Gérard Devouassoux. Et aussi à l’entrée du bureau des guides d’Argentière.
Il s’essaie à la composition du vitrail, dont deux situés à la chapelle des Tines sont remarquables de précision et de couleurs vives.
Fier de son village des Praz, il consacre beaucoup de temps avec ses amis, René Simond, Christian Couttet et les familles Tairraz et Chamel, à l’entretien de la chapelle située tout près de son atelier. Il sculpte la très belle statue de la Vierge située au dessus de la porte d’entrée, de même celle à gauche dans le chœur, et la porte du tabernacle admirable travail d’émail sur bois.
C’est encore lui qui réalise la porte du tabernacle de la nouvelle chapelle du Tour. Et aussi l’oratoire situé en face de l’hôtel Excelsior.
Il prend sa retraite officielle à 75 ans, mais continuera de travailler jusqu’à 90 ans, tant son inspiration artistique avait besoin de s’exprimer.
Respect Mr Pellegrin !
Sources : archives familiales descendants d’Elie Pellegrin