Les pérégrinations de l’église de Servoz !
L’église saint Loup est la plus ancienne église de la Vallée de Chamonix
En 1091, lors de la donation de la vallée de Chamonix à l’abbaye bénédictine de Saint Michel de la Cluse, le village de Servoz dépendait des sires du Faucigny pour la partie située au nord du confluent de l’Arve et de la Diosaz. En ce XIe siècle, une paroisse dénommée « paroisse du lac » existait déjà et, semble t’il, dépendant du prieuré de Peillonnex situé en Faucigny pas loin de Bonneville.
L’église était située à peu près au niveau de l’actuelle chapelle Notre Dame du lac et donc sur la rive gauche de l’Arve. Avec cette donation, elle se trouvait sur le territoire du prieur de Chamonix ! Mais la paroisse, elle, s’étendait sur l’ensemble des hameaux aussi bien rive droite que rive gauche. Pas simple ! Donc une église sur le territoire du prieur mais une paroisse sur le territoire des Faucigny…! Cette limite de territoire ambiguë entraîne, dès les débuts de l’histoire de notre vallée, des conflits, ou des accords signés en fonction des besoins et des pouvoirs de certains que ce soit du côté du prieuré de Chamonix, de la famille de Faucigny, de la noblesse locale ou encore de la paroisse qui a dépendu pendant longtemps du prieuré de Peillonex. Peu de documents existent sur cette première église.
En 1337, il est décidé de reconstruire une nouvelle église sur la rive droite de l’Arve, est ce pour échapper au prieur de Chamonix ? Peut être bien ! Cette église n’était sans doute pas très riche à la lecture de l’inventaire et du procès verbal réalisés par Mgr Jean de Bertrand venu le 15 août 1413. « Eglise pauvre, mauvais toiture, bons paroissiens » !
Mais c’était sans compter sur les éboulements du massif des Fiz qui jalonnent l’histoire de la plaine de Servoz. L’effondrement de 1471 modifie les cours de l’Arve et de la Diosaz et l’église, du coup, se retrouve à nouveau sur la rive gauche de l’Arve, si bien que le prieur de Chamonix estime que la paroisse doit tomber sous sa juridiction. Il proteste à chaque venue de l’évêque pour en obtenir la gouvernance. C’est vers 1484 que l’appellation passera de notre Dame du Lac à Eglise Saint Loup, en effet la légende raconte que l’archevêque de Tarentaise fit don à la paroisse des reliques de ce saint.
Les « chirves » résistent au prieur de Chamonix ! Pour échapper définitivement « aux atteintes de l’inondation et de la juridiction du prieur » les paroissiens décidèrent en 1537 de construire l’église du Bouchet à son emplacement actuel.
L’église, telle que nous la connaissons’ sera construite de 1694 à 1697 et consacrée en 1702. Il est évident que les bâtisseurs de l’époque utilisent des éléments qui appartenaient à l’église antérieure puisque la date 1537 est inscrite en haut de la porte latérale.
Cette église a conservé son très bel aspect d’origine, la façade élégante est typique des églises baroques du XVIIIe.Le porche abrite la porte d’entrée dont les vantaux, bien qu’endommagés durant la période révolutionnaire, sont un magnifique travail d’ébénisterie. Là on retrouve saint Loup, vocable de la paroisse, en tenue d’évêque, écrasant un petit dragon.
Le décor intérieur démantelé aux cours de la frénésie révolutionnaire retrouvera un nouveau décor en 1838 pour le maître autel et en 1842 pour les deux autels latéraux.
le clocher édifié en 1746 mais détruit lors de cette même période de la révolution sera refait en 1854.
Les divers travaux réalisés dans les années 1930 puis 1950 ne seront que des petits travaux qui hélas n’empêcheront pas la détérioration progressive des murs « mangés » par le salpêtre .
Enfin en 2015 la fondation du patrimoine offre une somme conséquente pour entamer des travaux de rénovation. L’église de Servoz va enfin retrouver son éclat des temps anciens.
Sources : Histoire des communs savoyardes, monographie de Servoz de l’abbé Michel Orsat, Le Mont un hameau de Servoz ( association histoire et traditions)