Un patrimoine méconnu mais menacé : les anciennes mines de la vallée de Chamonix
Un patrimoine méconnu mais menacé
Lors de balades il nous arrive de découvrir des apparences de grottes débouchant sur des galeries. Elles sont nombreuses dans la vallée. Sous leur mystère, elles nous racontent un passé un peu oublié. Certaines de ces galeries sont d’anciennes mines, d’autres sont simplement des ouvertures exploratoires.
Quels minerais trouvait-on donc dans notre vallée?
De nombreux types de minerais ont été exploités, tels ceux contenant du cuivre, du plomb ou de l’argent. Ces métaux ne sont pas trouvés à l’état pur mais font souvent partie d’un filon dit « polymétallique », c’est-à-dire qui contenait plusieurs métaux dont l’extraction est très complexe.
Servoz hérite d’une histoire minière riche. Au 15ème siècle, un document atteste d’un contrat signé entre le prieur de Chamonix et un exploitant pour des mines d’or, d’argent, de plomb de cuivre et autre minéraux. Mais c’est avant tout au 18ème siècle que l’on retrouve des contrats souscrits avec des maîtres mineurs. Peu de temps avant la période révolutionnaire, les chanoines signent et accordent l’édification d’un complexe abritant la maison du directeur, les logements des ouvriers, les dépôts de bois, etc… Une importante société est créée… Des directeurs sont nommés, on exploite dans toute la zone de Pormenaz à Coupeau. Mais la révolution sonnera le glas de cette exploitation.
Jamais Servoz ne retrouvera une activité minière très active.
Cependant des gisements un peu partout dans la vallée continueront d’être exploités durant encore une grande partie du 19ème siècle. Des techniques plus modernes pouvaient laisser espérer un travail plus facile. Ainsi de 1873 à 1925 des mines d’anthracite ont été ouvertes ou 50 à 60 personnes travaillaient tirant de ces mines 2 wagons de 10 tonnes par jour ! Il y a eu jusqu’à 7 galeries
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Mais ce qui m’intéressait, c’était de comprendre comment travaillaient ces mineurs dans ces sombres galeries.
Aussi ai-je demandé à Stéphane de m’emmener visiter une galerie, je ne vous dirai pas où, ces vestiges doivent rester confidentiels. Stéphane est un passionné, il explore depuis sa plus tendre enfance toutes ces mines… Je crois bien qu’il les connaît toutes …
C’est fascinant et passionnant de pénétrer dans ces boyaux, car hormis le fait que l’on y trouve des minerais différents, ces mines racontent une histoire d’hommes. Etroites, creusées à la main dans une roche particulièrement compacte, sur une bonne centaine de mètres, elles sont impressionnantes. Elles montent, puis descendent, à la poursuite d’un filon repéré par les mineurs. Certaines de ces mines sont encore étayées de madriers de bois. Dans l’obscurité totale, les mineurs déposaient leurs lampes à huile sur de petits rebords. Ils parvenaient ainsi à discerner les filons qu’ils recherchaient. Ils devaient en extraire le minerai intéressant, c’est-à-dire creuser, tailler dans la roche dure, extraire des blocs et ensuite les transporter (on imagine le poids !) à l’extérieur. De là, ils étaient emmenés à l’exploitation pour qu’il soit triés, concassés et réduits en poudre.
Dans les mines de Servoz l’ouvrier travaillait de 6 h du matin à 18h. Payés soit à la journée, soit au mètre d’avancement. Souvent les mineurs œuvraient à deux et on déduisait de leur salaire le prix des fournitures (poudre huile pour lampes etc).
Quel travail !
Aussi avons-nous un devoir de respecter et de protéger ces mines qui ont une valeur patrimoniale certaine. Elles sont le témoignage du dur labeur de mineurs qui ont œuvré au cours des 18ème et 19ème siècles.
Malheureusement, certaines sont aujourd’hui dégradées, voire pillées. Beaucoup peuvent y pénétrer impunément et sont responsables des détériorations. Quel intérêt y trouvent ces intrus? Ils n’y trouveront ni or, ni argent, ni cristaux… Rien qui puisse les enrichir!
N’oublions pas que ces petits trésors sont protégés par la loi. Ces dégradations peuvent relever du code pénal…
Sources : Stéphane Briand – Livret édité par l’association Histoire et traditions « Mines et Ardoisières de Servoz » – Archives association des Amis du Vieux Chamonix.