Le clocher de l’église de Chamonix…surprenant
La structure du clocher de Chamonix est la construction la plus ancienne dans la vallée car la partie maçonnée date du 12ème siècle, on a en effet retrouvé à sa base la date de 1119. A l’origine, au Moyen Age, le clocher se trouvait à gauche de l’église qui était orientée perpendiculairement à l’actuelle.
A la suite d’un incendie l’église fut reconstruite en 1709 dans le sens d’aujourd’hui. C’était une église baroque magnifique mais nous n’en avons pas de représentation picturale. Un tableau représentant le bourg de Chamonix avant la période révolutionnaire date de 1742. Il est réalisé par Martel, visiteur naturaliste venu à Chamonix . On voit le village blotti aux pieds des montagnes et l’église nous apparaît avec un clocher pyramidal, donc bien différent de ce qu’il est actuellement.
En 1758 l’ensemble des toitures et du clocher disparaît de nouveau dans un incendie. Le clocher est probablement reconstruit mais nul ne connaît sa nouvelle apparence.
A la période révolutionnaire, le gouverneur français nommé à la tête du nouveau département du Mont Blanc, Mr Albitte, exige la destruction de tous les clochers savoyards. En 1794 la flèche sommitale est abattue…Tous nos clochers disparaîtront du paysage savoyard. En 1807, le clocher est reconstruit selon l’aspect traditionnel des clochers à bulbe savoyards. Un dessin de Ruskin ( apartenant au musée alpin) nous montre le clocher chamoniard avec sa flèche et son bulbe.
Le bulbe était recouvert d’ancelles, mais en 1864, lors des travaux d’agrandissement de l’église, la crainte d’un nouvel incendie incite les chamoniards à remplacer les ancelles par du fer blanc étamé, tandis que la base sera recouverte d’ardoises. Mais le fer blanc s’oxyde, l’humidité pénètre la structure, elle s’infiltre partout menaçant la charpente intérieure. En 1934 on remplace ces anciennes plaque de fer blanc par du cuivre, sensé mieux protéger l’ossature de la flèche .Malgré tout, dès les années 1995, la partie sommitale est de nouveau menacée par l’humidité. Il faut restaurer le clocher. Ni le fer blanc, ni le cuivre n’ont donné satisfaction. Que faire pour restaurer ce magnifique clocher de manière pérenne dans ce climat où les matériaux subissent de grands écarts de température qui déstabilisent les matériaux de recouvrement ?
On pense à un nouveau matériau coûteux et habituellement utilisé dans l’aéronautique ou pour les implants médicaux. C’est le le titane, il est léger, il résiste mieux à la chaleur que l’aluminium, il est plus dur que l’acier et pèse moitié moins. Sa dureté est « virtuellement égale à celle du verre et du granit et proche du béton » Donc les contraintes sur le titane sont très faibles. S’inspirant des couvertures traditionnelles, les plaques de titane seront découpées en forme d’écailles. Le titane ne se soudant pas, on imaginera des clous spéciaux inoxydables afin de pouvoir fixer l’ensemble sur la structure. Ainsi le clocher de l’église de Chamonix entre en l’an 2000 dans l’ère de la modernité!
Oui, c’est cher, mais on peut espérer que les générations futures n’auront plus à s’inquiéter de l’entretien coûteux du lanternon du bulbe et de la flèche.
Longue vie à notre clocher chamoniard
Sources : Archives de la commune de Chamonix- Revue Pierre d’Angle.