La source sulfureuse des Mouilles
La source sulfureuse de Chamonix
Dans un lieu secret peu connu des chamoniards se nichent les ruines d’un bâtiment abritant une ancienne source sulfureuse, découverte au début du XIXème siècle.
En 1823, une eau jaillissant des Mouilles, analysée par un médecin, Mr le Dr de Gimbernat, se révèle « minérale, froide, saline, sulfureuse», et obtient une autorisation royale d’exploitation.
Les frères Charlet , propriétaires du site et propriétaire ainsi que de l’hôtel de l’Union au centre ville, aménagent des canalisations de bois depuis la source des Mouilles jusqu’à l’hôtel afin de proposer à leurs clients des bains, luxe incroyable à cette époque.
En 1834, Mr Morin, chimiste de Genève, la considérait riche en « qualité thérapeutique ». Mais l’idée d’utiliser ces eaux fait toujours son chemin. En 1863, le docteur Depraz lance une demande d’autorisation d’exploitation Les sources des Mouilles sont alors étudiées avec soin par l’Académie de médecine de Paris. Celle ci estime « la sources sulfureuse conforme aux eaux les plus réputées contre les maladies de la peau, les ulcères et les cachexies » et les sources d’eau naturelle toutes proches se révèlent des « eaux ferrugineuses appropriées aux malades souffrant de constitutions lymphatiques et débilitantes ».
Cependant, le Conseil général des Mines estime qu’il ne sera pas possible d’accorder une autorisation définitive avant « qu’un captage convenable de la source ait été opéré ».
L’autorisation tarde à venir. Les hôteliers chamoniards rêvent de créer une station hydrominérale à l’image des stations thermales en vogue à cette période. On veut une belle station « climatérique ».
Le projet est relancé néanmoins toujours d’actualité.
Il faut attendre 1876, pour qu’une nouvelle étude soit faite, cette fois-ci par le docteur Duchosal : « l’eau jaillissante est une eau claire, limpide, dont l’odeur est celle des œufs couvés, dont la température est de 9 centigrades… ». Il indique, après analyse des eaux et enquête auprès de la population locale, « que ces eaux peuvent être employées en boisson, en douches, bains, injections, en inhalation et même peut être embouteillée. « Leur emploi peut être étendu à presque tous les cas de maladies chroniques dans lesquels on emploie les eaux de St Gervais… Peu de pays peuvent offrir autant de facilités pour un établissement hydrothérapique… ».
La société des hôtels réunis de Chamonix envisage un grand projet une grande installation avec hôtel de 300 chambres, exploitation de la source, couplée avec des bains de lait. Ce beau projet ne sera jamais réalisé. Cependant, les conduites seront emportées les inondations régulières de l’Arve et de l’Arveyron et elles seront abandonnées.
La première guerre interrompt toute idée de création d’une station thermale.
En 1930, nouvelle tentative. Le nouveau propriétaire, Mr Alphand, entreprend de remettre au goût du jour l’exploitation de la source. Les analyses sont réalisées quatre années de suite par le ministère de la Santé publique, qui lui accorde enfin en 1936, et pour 30 ans, l’autorisation d’exploiter les eaux. Mr Alphand construit alors un petit édifice au dessus de la source, aménage un kiosque à musique dégustation et se lance dans l’exploitation de sa source.
Elle prend le nom de « La vivifiante ». Les analyses seront faites très régulièrement. On abandonne vite l’idée d’embouteillage, l’eau ne conservant pas ses propriétés minérales.
Le petit établissement fonctionne ainsi une trentaine d’années, recevant quelques curistes et surtout des curieux et des habitués, la source ayant toujours sa réputation locale. Les médecins de la vallée recommandent à leurs malades d’en boire régulièrement l’eau.
Le débit de la source se réduit peu à peu, en raison des travaux de canalisations des sources naturelles voisines réalisés afin d’assécher les zones marécageuses de ce secteur de la vallée.
Les chamoniards continueront jusque dans les années 1970 à venir faire provision de cette eau aux qualités médicinales incontestées.
La source est abandonnée, mais les chamoniards s’y rendent toujours régulièrement, lui attribuant des qualités curatives appréciées de tous. Depuis, la source s’est tarie et le lieu est laissé à l’abandon.
n lieu secret peu connu des chamoniards se nichent les ruines d’une ancienne source